Mon histoire. Qui suis-je ?

La Case 'Eugénie, épicerie fine

Je parcours le Monde depuis plus de 25 ans, et à chaque déplacement, la gastronomie est mon laisser passer pour faire de nouvelles connaissances, et pour découvrir de nouvelles cultures. Elle me donne l’occasion de me plonger dans les cœurs au-delà des langues, qui me sont étrangères, car cuisiner, échanger autour d’une dégustation de plats traditionnels, c’est aimer quel que soit le pays, quelle que soit la langue. 

 
Toute mon enfance, j’ai été bercée par les saveurs créoles et indiennes, et illuminée par les couleurs des tropiques. Un bijou de l’univers que je n’échangerai pour rien au monde.
La maison de ma grand-mère était le lieu de passage de toute la famille 365 jours par an. Le repas mijotait chaque jour pour plus de dix couverts, tantôt sur un feu de bois crépitant le midi, tantôt sur la gazinière le soir, nourrissant cinq générations par la cuisine d’une seule femme.
 
La cuisine de Man Nini, regorgeait de trésors. La bouteille de miel fraichement récolté sentant encore l’odeur de l’enfumage, le pot de beurre rouge compagnon du court-bouillon de poissons, la morue salée dans son papier de sac à pain, le pot de Sovaco au goût légèrement rance et salé, ou encore la petite boîte à biscuit qui secondait celle qui se trouvait dans le buffet du salon.

Dans le jardin tropical se trouvait, tous les arômes à utiliser durant la journée, et en amont les plantes médicinales pour le thé du soir.
 
Autour de la maison poussait un trésor inestimable, une variété d’arbres fruitiers qui nous fournissaient chaque jour des fruits en nombre suffisant pour nous éclater la panse. Abricots, corossols, maracudjas, tamarins doux, tamarins si, mangues, prunes, cerises, prunes cythères, oranges, chadèk, pomme cannelle, pomme malaka, papayes, quenettes, mon Dieu que la liste est longue !
 
L’un de mes grands-pères, propriétaire terrien avait des animaux. Les vaches nous donnaient du lait frais, que l’on faisait bouillir ; les poules, des œufs pour les pâtisseries ; les cochons, la viande pour la fête traditionnelle de Noël, et les principaux ingrédients du boudin. Il faisait également du charbon, et à chaque production il ramenait au petit matin patates douces et adò, qu’il avait fait cuire sous terre. Un vrai délice qui me fait encore saliver aujourd’hui en y pensant !
Mon autre grand-père était un chef Indien, Indou. À son contact, j’ai découvert le raffinement de la cuisine indienne au cours des cérémonies. Toute une histoire, une culture, des traditions, un ensemble de codes, d’associations et de spiritualité m’ont été transmis.

Man Nini, qu’est-ce que c’est que ‘gouté a maléré’ ?
J’avais huit ans lorsque j’ai posé cette question à ma grand-mère Eugénie dit Man Nini. 
« Gouté a maléré », le goûter du pauvre, était le nom donné à une tartine de pain sur laquelle on m’avait mis un peu d’huile. Ma grand-mère m’a montré comment faire d’une appellation ordinaire, une composition extraordinaire. Elle coupa un morceau de pain en deux, versa de l’huile sur les deux faces et les saupoudra de sucre de canne. En me souriant, elle me tendit une tartine et s’assied sur son petit banc en bois. Je me posais à ses pieds sur la marche de la cuisine. Elle m’a donné ce jour-là, une de mes plus belles leçons de vie, et a éveillé mon intérêt à sublimer la gastronomie et apprécier chaque élément qui compose mes cultures.
 
J’ai l’immense chance d’être issue de deux matrices. Ceci a sans aucun doute contribué à me rendre riche humainement, et m’a dès le berceau mise au cœur d’un métissage.
 

Je suis Sylvie SAGALIAPIDINE, soyez bienvenue dans la Case d’Eugénie.

Sylvie SAGALIAPIDINE, chairwoman, créatrice épicerie fine, business woman

Ne laissez jamais personne vous convaincre que vous ne pouvez pas réaliser votre rêve - SSH -

Never let anyone convince you that your dream can't come true - SSH -

Crédit photos : Cime d'Ebene & Pixabay